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Enfer

Publié le par TW

Ce n’est pas un empire de feu démentiel.
Ni un gouffre grouillant d’infinis hurlements.
Ni le revers du mythe d’un dieu en son ciel.
Ni l’affreuse menace d’un grand châtiment.
 
C’est un insignifié aux allures muettes,
Une once de cosmos à l’inertie pesante,
Un tout sombre joyaux mais aux miroirs qu’inquiète
Une folie de soi aux armes impuissantes.
 
Planté au plus profond vague d’une pauvre âme,
Débattant d’elle-même sa présence au monde,
Et sa présence à l’autre, inconciliable drame,
Mais vers quoi tout amour et toute haine abondent.
 
Chevillé au cortex insoluble de l’être,
Un fantôme de rires et de pleurs cruels,
Ca n’étouffe que sous le malheur de paraître
L’inhumain mouvement d’un insu éternel.
 
L’alibi de souffrir plaide pour qu’il se taise
De milliers d’oripeaux en partages iniques,
Allant s’éventrer même en haut d’une falaise,
Ou se couvrir le chef de couronnes comiques.
 
Solidement campé sur des superstitions,
Il fait, malade atteint de ses propres béquilles,
Graver d’absurdes lois dans d’informes prisons,
S’ériger des pouvoirs dans de creuses coquilles.
 
Mais peut-être une lance, enfin, d’une main sure,
Projetée au-dessus de ses champs d’ombre folles,
Une lance forgée de nouvelles augures,
Peut atteindre le coeur que l’angoisse désole.
 
La lance d’un regard qu’on n’a jamais porté
Sur la châsse scellée de ce poison malin,
Ou bien perçant le flanc de sa fatalité,
Le strident d’une voix et ses crocs assassins.
 
Vitales mais violence au grâces allégées
De leurs corsets crasseux, et défaite de tout
Une transe dansée jusqu’à faire exploser
Ce noyau fait de mort et bardé de verrous.
 
D’une aimante acuité un long trait meurtrier,
Une pensée surgie de toute la puissance
De siècles secrétée, au milieu des geôliers,
Et sème de partout toute une renaissance.
 
Secrète bulle ardente d’un brasier dément,
Eclatant d’un grain pur libre de l’ignorance,
Enfin, enfin visible à l’œil nu, un ferment
Qui au verbe souffrir ôte son immanence.
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